Fils du Dragon - 1447

Extrait  

Chapitre 1 : Le Sang du Dragon

Valachie, 1447.

Le vent glacé balayait les collines escarpées, faisant hurler les pins comme des âmes perdues. Sur les remparts du château de Târgoviște, Vlad Dracul observait le domaine qui allait bientôt devenir le sien. Son regard était dur, mais au fond de ses yeux brillait une lueur étrange, une lueur qui ne venait ni du feu ni de la peur.

Il savait qu’il n’était pas comme les autres hommes. Depuis son enfance, des visions le hantaient : des paysages inconnus, des villes futuristes, des hommes et des femmes qu’il n’avait jamais rencontrés. Parfois, dans ses rêves, une voix lui murmurait des secrets anciens — le nom Stevanovitch résonnait comme un écho lointain, familier et terrifiant.

Ce soir-là, alors que la lune jetait son éclat argenté sur le château, Vlad sentit une chaleur étrange dans sa poitrine. Une présence invisible semblait l’entourer, le guidant vers la bibliothèque secrète de son père. Là, entre des parchemins poussiéreux et des grimoires oubliés, il découvrit un rouleau scellé d’un sceau qu’il ne connaissait pas. Le symbole représentait un dragon noir, ailes déployées, semblant respirer le feu.

Vlad déchira le sceau et déroula le parchemin. Les mots étaient écrits dans une langue ancienne qu’il comprit malgré lui, comme si la plume avait parlé directement à son esprit. Il apprit alors ce qu’aucun homme vivant ne savait : il n’était pas seulement Vlad Dracul, prince de Valachie. Il portait en lui le sang de Gordon Stevanovitch, l’homme immortel, témoin de tous les âges et gardien des secrets les plus puissants de l’humanité.

Un frisson parcourut son échine. La légende du Dragon prenait un sens nouveau. Chaque décision, chaque combat, chaque trahison ne concernait pas seulement son trône ou son peuple. Elle façonnait un destin millénaire, un fil invisible qui reliait le passé au futur, l’homme à la légende.

Le vent gémissait de plus belle et Vlad sentit une énergie ancienne s’éveiller en lui. Les yeux fermés, il murmura un nom que seuls les ancêtres auraient pu reconnaître : « Stevanovitch… ».

Et à cet instant, le dragon se réveilla.

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