L’au-delà du silence

Grande sensible, grande réservée et grande solitaire, je ne me suis jamais ennuyée une seule seconde grâce à mon imagination. J’ai mis ma cérébralité aux services des autres d’abord pour les aider en exerçant mon métier de psychothérapeute, puis en les faisant rêver en rendant public mes écrits au bout de vingt ans de passion pour l’écriture.

Ce livre parle de sujets universels : la vie face à la mort, le deuil, les drames… Mais aussi le silence et ses conséquences. Tous ces sujets prennent la forme de revenants, de personnes surgissant du passé pour dire leur vérité, briser le silence, chacune étant la conséquence de ce que chacun a laissé faire. On suit Orphée, hanté depuis quinze ans par la disparition de sa femme Philéonie, profondément enfoncé dans la dépression et la solitude, mais qui n’a jamais cessé de croire. L’ambiance est surnaturelle, l'œuvre est singulière, et l’on traite du lien amoureux quand l’être aimé n’est plus là : c’est un vrai puzzle émotionnel.

Extrait

Un grand silence et Phéo disparaît. Orphée est là et contemple le paysage enneigé, il se dit que cela fait longtemps qu’il n’a pas pris le temps d’apprécier la neige. Phéo adorait ça.
Elle réapparaît de l’autre côté du banc. 

- Tu étais où ? Interroge-t-il.
- Là. Pas loin. Vraiment pas loin. Tout à côté à vrai dire.
- D'accord.
- J'aimerais trop faire un bonhomme de neige, ça me fait penser au premier hiver dans notre maison , quand j'avais fait un bonhomme de neige et qu'on lui avait mis une méga moustache. Putain rien que d'y penser j'ai envie de me pisser dessus de rire, tu te souviens comment à l’avait appelé ?
- Brassens ! Mais oui, qu’est-ce qu’on a pu rire. On était à deux doigts de lui accrocher une guitare pour aller au bout de la blague, mais ça aurait été exagéré.

Ils se prennent un fou rire.

- Oh bordel, j'avais oublié ! Qu'est-ce que ça fait du bien de rire comme ça. Rit-il.
- Ça faisait longtemps hein ?
- Ouais, tellement. Il n'y avait que toi qui me faisait rire comme ça. Jusqu’à ne plus pouvoir reprendre mon souffle..
- C'est un peu difficile de faire rire quand on est mort.
- J'imagine.

- Attends...Quoi?
- Ouais, ben il est temps que tu le saches, je suis morte Orphée.

[...]

- Ben en attendant, nettoie la maison. Et mon chemisier blanc avec le col Claudine, tu sais qu'il se froisse facilement, tu peux me le repasser ? Tu sais que je ne sais pas faire moi...
- C’est surtout que tu n’aimes pas et que tu n’as jamais voulu apprendre à repasser.
- Pourquoi faire ? Puisque toi tu savais. Tu t’en occuperas ou pas ?
- Oui , d'accord, je m'en occupe.
- Plaque bien le col j'aime pas quand il rebique.
- Oui mon amour, oui... Comme d'habitude.

Elle lui caresse la joue avec le dos de sa main douce et étonnamment chaude, un peu comme un « au revoir ». Et c'est la fin du rêve. Orphée ouvre grand les yeux, il est 4 heures du matin, il n'est pas troublé, ni perdu, naturellement il part chercher des sacs-poubelles sous l'évier de la cuisine et commence à jeter plein de choses.