DE LA VOLAILLE SANS TÊTE

Après un passage éclair en lettres modernes à la Sorbonne, Théo Chrétien s’est orienté vers la littérature en empruntant la contre-allée.
Un cheminement parfois obscur à travers lequel il lui aura été possible de redécouvrir des figures trop injustement écartées des sentiers battus.

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De la volaille sans tête remonte aux origines de notre modernité pour y déceler cette volonté d’émancipation d’un Homme désormais pris dans l’engrenage du progrès technique et du commerce des marchandises, en interrogeant les grandes idées qui l’auront conduit, de prouesses en tragédies, jusqu’à notre époque à la fois inquiétante et paradoxale.
À l’origine de ce livre, il y a donc une volonté d’éclairer le monde agité qui nous entoure.

L’auteur propose une analyse des grands mouvements de la Modernité, nourrie par les réflexions de figures aussi diverses que Slavoj Žižek, Jacques Lacan, René Girard, Guy Debord ou Albert Camus (entre autres). En croisant les disciplines artistiques, philosophiques et historiques, il invite à remettre en question certains de nos dogmes fondamentaux.

Cet essai offre ainsi des clefs essentielles aux lecteurs curieux de découvrir ces enjeux, tout en proposant aux lecteurs avertis des grilles de lecture originales et stimulantes.

Extraits 

« Là-dessus, l’économie libérée va pouvoir se déployer comme l’éternel phénix qu’elle est, mettant en branle les électrons libres que sont devenus les individus ; le marché autorégulé, dispensateur de Progrès, de Paix, d’Harmonie et de Bonheur, en un mot : de neutralité ; les luttes sociales seront bientôt vues et justifiées à l’aune des cagnottes qu’elles soulèveront, la télévision publique déclenchera les controverses de la télévision privée, l’actualité portera sur l’actualité...

L’important pour le Marché n’est pas la cohésion sociale, l’amour du peuple, son identité ou la préservation des traditions et des modes de vie. Il n’est pas là « pour faire sens historique », nous l’avons vu, il n’a aucune morale. L’important pour lui est que vous puissiez trouver le poison et son remède dans la même pharmacie : la pilule aphrodisiaque et la pilule contraceptive au même rayon sexe.

Il n’y a pas vraiment d’Idéal, et il ne peut pas vraiment y avoir de Valeur non plus. Simplement, que vous puissiez choisir (optimalement vous choisirez les deux) : la glace en pot et les programmes amincissants. Après tout, vous êtes libre : le Coca-Cola et la Vittel, le string et le tchador.

L’économie donc, guidée par la main invisible du fat-market, va pouvoir se déployer sur les estimations d’une nouvelle race d’hommes qui a vu le jour en 1969, pendant que les hippies manifestaient contre la guerre du Vietnam en dansant à Woodstock : les prix Nobel d’économie. »

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« ainsi les « wokes » servant à cloisonner toujours plus l’établissement juridique des personnes et les « réacs » à déployer un arsenal économique autoritairement libérale et protectionniste : les premiers incarnant une sorte de « surmoi » sociale isolant les individus dans la culpabilité et les seconds plutôt un « ça » affirmant les obscènes nécessités économiques et dont l’échange tendu renforcerait les modalités d’action de la loi effective. Le serpent, pour avancer, à besoin de slalomer de gauche à droite. Au final, le venin de la révolte reste cantonné au corps social et n’atteint ni la finance ni les entreprises géantes. »