LE TRIPTYQUE DISPARU - L'étrange épopée d'un mystérieux tableau

Faouzi Ksouri, retraité de la fonction publique à Monaco. Ancien international de hand-ball, passionné de lecture, d’histoire et d’écriture, a décidé avec ce troisième roman de rendre hommage au peuple berbère.

Une fresque historique et romanesque qui mêle mystère, quête identitaire, et exploration culturelle. Deux frères, Mounir et Samy, séparés à la naissance après la mort tragique de leurs parents, se retrouvent des années plus tard grâce à une série d’événements liés à un mystérieux triptyque en bois de cerisier.

Ce tableau, d’origine sacrée, a traversé les siècles et les continents, depuis la Terre Sainte jusqu’à la Tunisie, en passant par l’Andalousie et l’Europe. Il est au cœur d’une quête qui mêle secrets familiaux, intrigues historiques et enjeux spirituels. Le roman se termine sur une note d’espoir et de réconciliation. Les personnages trouvent leur place dans le monde, et le triptyque, après des siècles d’errance, retrouve sa destination finale. L’œuvre célèbre la richesse culturelle du Maghreb et la résilience des peuples face aux épreuves de l’histoire.

« Le triptyque disparu » est une ode à la diversité, à la mémoire et à l’humanité partagée, il est profondément lié à l’histoire berbère par son parcours et sa symbolique.

Extrait

La dédicace manuscrite en deuxième page est ravissante : « Finir la lecture d’un livre, c’est une bougie qui s’éteint pour une aube qui pointe. »

Décidément, la grande Histoire aime se moquer de nos adorables aventures.

Samy me ressemble de plus en plus. Surtout lors des distributions surprises.

On toque à la porte. Je me lève, c’est une femme. Une belle rousse. Un mirage aux éclats galactiques ! Son parfum léger et doux explose en moi. Rita Hayworth en personne !

Je reçois une douce claque !

C’est un rêve qui passe de l’ombre à la première lumière du jour. C’est une porte qui s’ouvre sur le monde. Après tant de navigations sur les mers factices, mon voilier se perd au beau milieu des songes de l’humanité. Tribord ou bâbord, les voiles volubiles se délectent de l’écume des vagues et de l’espoir à l’infini. Me voici devant mon rêve. Mes jambes ressemblent à de la guimauve. Un fil d’or vient coudre mes lèvres. Impossible de prononcer un seul mot. Je reste debout devant cette personne aux yeux de feu. Un ange virevoltant devant mon silence, muet mais perçant par le regard. Je suis hypnotisé. Elle me sourit : « Comment vas-tu Mounir ? »

Rachel a parlé. Oui c’est elle ! Je ne peux pas répondre. Mon âme sourit. J’ai envie de rire aux éclats. Le bonheur est si beau lorsqu’il te gifle. Son regard est un nuage de nostalgie. Je découvre dans le fond de sa voix un long voyage. Dans son sourire un partage céleste. Son aura m’offre une protection divine. Face aux usagers de ce monde insensé, ses yeux naviguent dans le paradis des heureux patients. Son destin est écrit à l’encre d’or. Je ne peux que susurrer : « Rachel… Rachel… ».

Je me remémore sa dernière image lors de son départ définitif de Bizerte. Celle qui resta gravée en moi toutes ces années. Je me souviens de cet instant fatidique : « Son doux visage perlé de taches de rousseur restera sculpté dans ma mémoire. Ses yeux verts perçants deviendront les seules lumières de ma vie. »

Elle pose lentement son index droit sur mes lèvres :  « Tais-toi, Mounir. » Puis elle poursuit sa démolition…

« Je lis sur ton visage au travers de ton sourire tout l’amour que tu as pour moi.

Je n’ai pas suivi l’exil de ma famille pour le Canada. J’avais espéré te revoir un jour. J’avais vingt ans. J’ai rencontré Samy. Je ne suis plus libre. J’aime Samy mais tu seras l’ombre de mon corps pour toujours ! »

« J’ai un modeste cadeau pour toi », furent les seuls mots qui quittèrent ma bouche.