PETIT COMMERCE DE QUARTIER

Je suis née en 1969 dans un petit village Briard. Elevée par des parents strictes et aimants m’offrant une enfance riche des plaisirs de la vie à la campagne où on faisait les courses sur le marché ou dans les petits commerces de village.

Il m’a fallu 10 ans avant d’avoir le vrai déclic et commencer à écrire ce livre, dans lequel j’immerge le lecteur au cœur d’une bijouterie horlogerie. Le personnage principal de ce livre, c’est vous, c’est moi, ce sont tous les consommateurs et j’y dresse leur portrait. J’y écris avec tout mon cœur et mes pleurs en vous livrant un témoignage à fleur de peau sur la fragilité du commerce de quartier dont la résistance se consume à petit feu.

En participant à l’édition de ce témoignage, qui s’adresse à tous ceux qui un jour ont cliqué pour commander des articles sur internet mais aussi à ceux qui comme moi pensent qu’il y a urgence de préserver nos commerçants. Je souhaite provoquer ou conforter une réelle prise de conscience de l’urgence de les sauver.

Extrait  

1

"Quel monde aujourd’hui sur la passerelle d’accès au centre commercial !!! "

Rose trépigne d’impatience, car je lui ai promis que nous achèterons un de ces nouveaux gadgets, qui permet de se maquiller le visage en un éclair. Eh oui que voulez-vous, les temps ont changés, à 8 ans, toutes les petites filles se maquillent maintenant ! Ça y est, nous traversons le portique de contrôle sécurité puis, le scanner d’enregistrement automatique de notre identité. Désormais, tout ce que nous glisserons dans notre panier sera directement prélevé sur mon compte bancaire. Je déteste ce mode de paiement mais, pas le choix désormais c’est comme ça : Tu touches tu payes !

2 

Pas le temps de souffler, une femme se présente à la porte. Sans même répondre à mon bonjour, elle s’adresse à moi de manière très agressive :

" Vous pouvez me régler ma montre, elle n’est pas à la bonne heure ? "

Ah oui, très important, chers lecteurs, il faut que vous sachiez que je suis une psychopathe du " Bonjour, Merci, Au revoir ". Il s’agit d’un modèle à affichage digital pas très simple à régler. Je tente de la manipuler en vain :

" Désolée madame, mais je ne connais pas ce modèle, avez-vous conservé la notice d’utilisation ? "

" Non, je ne l’ai pas.

" Elle m’arrache la montre des mains, et tourne les talons pour me quitter. Je lui ouvre la porte et la salue le plus aimablement possible bien qu’un peu irritée par son comportement. Un quart d’heure plus tard, alors que je suis plongée dans ma vitrine à remettre un peu d’ordre, elle revient et, cette fois, plus aimable :

" Madame, s’il vous plaît, mettez ma montre à l’heure ? "

"Je vous ai déjà expliqué qu’il me faut la notice."

"J’ai vu le Monsieur dans l’autre boutique là-bas, il peut le faire mais il me demande cinq euros !"

Elle n’est pas belle celle-là, je suis sidérée :

"Au moins, lui il sait comment remettre à l’heure, alors pourquoi ne pas le laisser faire ?"

Je ne vais pas payer cinq euros alors que chez vous c’est gratuit !!"

"Peut-être mais il me faut la notice."

"Vous n’êtes pas gentille, vous ne voulez pas m’aider, ce n’est pas bien."