24 Heures dans la Vie de Natalia - Moïra et Autres Contes

Corinne Tisserand-Simon est née en 1959 à Châteauroux. Elle. Docteure de l'université Michel de Montaigne-Bordeaux elle est metteur en scène (19886-2020) et écrivaine. Elle écrit de la poésie, du théâtre et des nouvelles  : les Enfants du Désert (théâtre), Poétique du Petit Corps (poésie), Petite Musique du Corps (poésie), Petit Cri Cherche Petit Corps Anthologie (théâtre), images (poésie), Sens Interdits (poésie).
Veuve en 2021, elle vit à Nantes depuis 2022.

Comme le sous-titre l’indique, ce livre est un recueil de 8 contes, soutenus par un paratexte qui relit les récits entre eux donnant de la cohérence au recueil. : aussi en va-t-il traditionnellement de l’écriture des livres de contes depuis Les Milles et Une Nuits jusqu’aux Contes d’Hoffman en passant par les contes de Chaucer et bien d’autres.
Si le paratexte de la vie de Natalia reste factuel, il est prétexte à ouvrir des brèches littéraires, perspectives mémorielles, imaginaires, etc. portés par les 8 contes.
Chacun des contes est une histoire édifiante par elle-même, cependant le recueil dans sa forme actuelle ouvre de nouvelles possibilités de lecture et d’interprétation en dilatant les 24 heures de la vie de Natalia en autant d’aventures intérieures portées par les réminiscences des histoires contées.
 

Les 24 heures se clôturent par le récit de Moïra écrit par Natalia et crée par moi-même.

Extrait 

Et les rues se vidèrent… Le silence engloutissait peu à peu la ville. Les bruits, un à un, se turent.

Voitures et bus ralentissaient, comme s’ils étaient des éléments d’une quelconque parade, n’existant plus pour eux-mêmes, mais destinés seulement à être vus. Ils étaient les indices d’une vie urbaine ; ils n’en étaient plus les acteurs.
Les rares piétons qui s’étaient hasardés sur les trottoirs semblaient être pressés de rentrer chez eux. Ils regardaient au loin, à hauteur de regard, ne tournant la tête ni à gauche, ni à droite, ni en haut, ni en bas ; de sorte qu’ils ne se voyaient pas les uns les autres.
Chacun s’engouffrait dans son couloir de solitude.

La lumière déclinait lentement. Des nuages annonciateurs de pluie envahissaient le ciel crépusculaire.

Depuis quelques heures déjà, le ciel pâle de l’hiver était parsemé de longs nuages gris qui, peu à peu jaunissaient le monde, et qui conféraient à celui-ci des relents d’impossible.

On était à quelques jours de Noël, et Natalia avait décidé de faire les cadeaux cet après-midi- là. Elle détestait ce rituel marchand qui, selon elle, enlevait à la fête son caractère sacré.
Elle n’était pas particulièrement croyante, mais elle avait à cœur de respecter la croyance d’autrui.
Cette période de l’année la mettait mal à l’aise : elle aurait bien aimé pouvoir se situer par rapport à cette histoire. Par rapport aux autres et à elle-même. Appartenir au clan des croyants ou à celui des non-croyants.
Être dans l’un ou l’autre clan aurait été apaisant pour elle. Mais cette année encore, le mystère resterait entier
et son sentiment de solitude inchangé.
Et cette année encore, elle n’avait pas fait ses cadeaux de Noël.