Ainsi la croix perça la rose

Récit autobiographique romancé tissé sur des thèmes profonds et émouvants à travers des itinéraires de vie croisés marqués par la foi, l’amour et les épreuves de la vie.
C’est le destin croisé d’un jeune religieux africain et d’une religieuse où se mêle la foi, la quête spirituelle, la violence et l’hypocrisie au sein de l’Église, l’amour et le désenchantement débouchant à la mort.

L’auteur a su transmettre une émotion profonde à travers ce roman, sans en dire trop ni en faire trop, ceci à travers la sincérité et la force de ce récit, qui touche autant par sa douleur que par l’espérance.
C’est un roman de vie bouleversant, écrit avec sincérité et courage qui invite à réfléchir et à ressentir avec intensité ce que vivent les personnages

Il s’agit de la vie de l’auteur prise dans le méandre et le tourbillon entre la vocation de servir Dieu et les hommes et la recherche du bonheur et l’amour.

Il y a des vies qui se passent sans problème, il y a des vies tracées,
Il y a des vies qui se passent jusqu’à ce qu’un évènement survienne,
Et il y a des destins qui sont brisés par une rencontre.
Cette rencontre peut être Dieu ou le Diable ou les deux à la fois.
Et ce destin te poursuit jusqu’à la fin de ta vie.
Et cette phrase te poursuit toute ta vie et tu la traines comme un boulet attaché à ton pied.
« Et toi aussi, tu es venu pour ça… » C’est l’alpha et l'oméga de ma destinée.

Mot d’adieu à la famille

« Il y a des moments où tout garder à l’intérieur peut nous consumer lentement. Jésus nous enseigne à ne pas avoir peur du cri, pourvu qu’il soit sincère, humble, orienté vers le Père.
Un cri n’est jamais inutile s’il naît de l’amour. Et il n’est jamais ignoré s’il est confié à Dieu. C’est un moyen de continuer à croire qu’un autre monde est possible » Pape Leon XIV, Audience Générale du 10/09/2025

Je ne sais pas s’il est juste de commencer un récit par une lettre d’adieu, mais c’est ainsi que mon cœur me pousse à le faire. Ce n’est pas une fin, mais peut-être une manière pour moi de vous parler avec des mots que je n’ai jamais su dire à voix haute. Ces mots, je les ai portés trop longtemps en silence, dans les couloirs étroits de ma mémoire d’enfant.

À vous, ma famille.
À vous, mon épouse, mes enfants, mon père et ma mère, mes sœurs, mes frères. Je vous dois tout.
Votre amour m’a forgé, votre foi m’a bercé.
Mais je suis désolé.
Désolé de n’avoir jamais pu vous dire ce qui s’est passé.
Désolé d’avoir porté en moi un fardeau que vous auriez sans doute voulu soulager.
Désolé d’avoir souffert en silence dans vos bras sans que vous puissiez entendre le cri étouffé de mon cœur brisé.

Ce que j’ai vécu, je ne l’ai pas compris tout de suite. Et quand j’ai commencé à entrevoir l’ombre derrière les sourires, il était trop tard. Le mal avait déjà été fait. Et je me suis replié sur moi-même, convaincu que c’était moi le fautif. Que c’était moi le brisé. Que c’était moi l’impur.

J’ai grandi avec cette peur, avec cette honte, avec ce sentiment de ne pas être à la hauteur de l’amour que vous me donniez si simplement. Mais je sais aujourd’hui que le silence n’a jamais protégé personne. Il ne fait qu’alourdir les chaînes.

Alors je parle. Enfin.
Pas pour accuser.
Mais pour me libérer.
Pour que vous sachiez que votre enfant n’est pas devenu un étranger.
Qu’il a seulement été blessé trop tôt, trop fort, trop sournoisement.

Oui, j’ai subi les pires atrocités qu’un enfant peut subir et mon corps en porte encore des séquelles psychologiques.

Ma vie a toujours été un combat perpétuel et une lutte pour l’oubli.
Mais… en vain, je ne suis pas arrivé, car chaque fois que j’essayais d’y arriver, que je tentais de fuir ce destin, le mal me poursuivait et me rattrapait pour me montrer que c’est un lien perpétuel. Ceci était d’autant plus difficile que cela s’est produit dans un environnement supposé être le terreau de l’amour et du bien : l’Église. C’est encore deux fois difficiles, d’autant plus que l’atrocité venait de celui qui était supposé semer l’amour et le bien et qui était au service de Dieu et des hommes.

J’ai toujours pensé que la meilleure manière de me guérir des atrocités subies était de m’accrocher à Dieu, de le servir, de lui rendre ce corps martyrisé et comme l’eunuque que je puisse sacrifier l’homme extérieur afin de faire bonifier l’esprit. Malheureusement, l’Église n’a pas réussi à me libérer de ce pacte et plus je m’approchai de Dieu, plus l’Église me renvoyait aux mains de mon « propriétaire supposé »

J’ai pensé au suicide pour me débarrasser de ce corps souillé, mais ma force vitale dictait à ma conscience l’invraisemblable solution. J’ai cru que l’amour pouvait me guérir, mais hélas, c’était un combat perdu d’avance.

Quand vous lirez ce message, je suis persuadé qu’au-delà des remords, vous ne retiendriez que l’amour que je témoignais à chacun de vous.

À travers ces pages, vous découvrirez une partie de moi que j’ai longtemps enfouie. Une partie douloureuse, mais aussi pleine d’espérance. Car je crois encore que du mal peut surgir un bien. Que les larmes versées dans le secret peuvent devenir des rivières de guérison pour d’autres.

Et si ces mots parviennent un jour à toucher le cœur d’un autre enfant blessé, alors ce témoignage n’aura pas été vain.

Je vous aime.
Toujours.
Même dans le silence.
Même dans les larmes.

Votre époux, papa,
Votre fils, celui que vous avez élevé dans la lumière,
et qui revient aujourd’hui vous parler depuis l’ombre.
Donatien.