Entre deux mondes

Alexandre Fasseur, 30 ans, professeur de français et d’histoire géographie. Passionné par l’histoire et par l’écriture, je cherche constamment à apprendre et à relever de nouveaux défis. Curieux et créatif, j’aime explorer différentes perspectives pour enrichir mes projets. Toujours motivé par le partage et l’échange, je valorise les rencontres et les expériences humaines. 

Entre Deux Mondes explore les racines de l'Amérique moderne à travers l'histoire de Kate Beckford, une jeune femme qui se bat pour la justice sociale dans le Minnesota de 1867. Hanté par l'assassinat de son frère abolitionniste, ce roman historique révèle comment la corruption et les intérêts économiques ont façonné la reconstruction post-guerre de Sécession.

L'originalité réside dans sa perspective féminine sur une époque charnière, mêlant enquête criminelle, romance discrète et combat politique. Le récit dévoile les mécanismes de pouvoir qui résonnent encore aujourd'hui : manipulation médiatique, réseaux d'influence, spoliation des terres autochtones.

Le livre s'adresse aux lecteurs passionnés d'histoire américaine, aux amateurs de romans sociaux et à ceux qui s'interrogent sur les origines des inégalités contemporaines. Inspiré par les grandes sagas historiques comme celles de Ken Follett, il aspire à éclairer les luttes oubliées qui ont permis l'émergence des droits civiques.

Participer à ce projet, c'est contribuer à faire revivre une époque méconnue où des femmes courageuses ont posé les premières pierres de l'égalité, révélant que les combats d'hier éclairent les enjeux d'aujourd'hui.

Extrait 

Il était 22h, et l'obscurité de la nuit s'était abattue sur la petite maison des Beckford, lourde de l'angoisse grandissante. Un coup discret, presque timide, retentit à la porte. Edna sursauta, le cœur serré, et Jack se dirigea vers l'entrée, un pressentiment glacé l'envahissant. Sur le seuil se tenait Loren Griffin, le maire de Green Bay, le visage grave, ses yeux reflétant une douleur profonde.

- « Bonsoir, Jack, Edna, » commença le maire de sa voix rauque. « Je… je crains d'avoir de terribles nouvelles. »

Dans ses mains, il tenait deux objets familiers, deux symboles qui firent chuter le monde des Beckford. Il y avait la montre à gousset de Charles, celle que son grand-père lui avait léguée, et son chapeau usé, celui qu'il portait toujours. Edna porta une main tremblante à sa bouche, ses yeux s'écarquillant d'horreur.

- « Charles… » commença Jack, sa voix à peine audible.

Le maire hocha lentement la tête, les mots pesant lourdement dans l'air :

- « Il a été retrouvé… en fin d'après-midi. »

Il marqua une pause, comme s'il cherchait la force de continuer.

- « Il a été… tabassé, Jack. Frappé par un groupe d'hommes. »

Loren serra les poings, la colère se mêlant à sa tristesse.

- « Ils se sont enfuis, bien sûr. »

Louis, qui avait suivi ses parents, sentit le sol se dérober sous ses pieds.

- « Qui ? Qui a fait ça ? » hurla-t-il, la voix brisée par la fureur et le désespoir.

Le maire baissa les yeux.

- « Il semblerait… qu'il ait été une cible. Charles était membre de ce groupe de jeunes hommes abolitionnistes, n'est-ce pas ? Dans l'Alabama, être contre l'esclavage… c'est une position très dangereuse. »

L'annonce fut un coup de massue. Edna s'écroula sur une chaise, des sanglots déchirants s'échappant de sa gorge. Louis, fou de chagrin et de rage, frappa le mur de son poing, un cri de douleur étouffé. Jack, malgré l'immense douleur qui le transperçait, se força à rester digne. Il s'agenouilla près d'Edna, la serrant contre lui, essayant de lui offrir un peu de sa force. « Nous devons être forts, ma chérie. Pour lui. »

Kate, elle, n'avait pas bougé. Assise au milieu du chaos de la pièce, son visage était d'une pâleur effrayante. Pas une larme ne coulait de ses yeux, mais son regard, habituellement doux, s'était durci. Au fond d'elle, une flamme venait de s'allumer, une conviction froide et inébranlable. Elle savait. Elle savait qu'elle ne pourrait pas laisser cela impuni.

Le maire resta un moment, offrant des mots de condoléances, mais ses paroles semblaient se perdre dans le vide assourdissant du chagrin. Quand il partit, la maison des Beckford fut enveloppée d'un silence lourd, brisé seulement par les sanglots d'Edna et les respirations saccadées de Louis. Pour Kate, cependant, le silence n'était pas vide. Il était rempli d'un nouveau but. Plus rien ne serait comme avant. Le monde qu'elle connaissait s'était effondré, et des cendres de cette tragédie, une détermination farouche venait de naître : elle trouverait un moyen de venger son frère.