Hidden Tome 2 : Meira chez les humains

Marine Seguin, auteure-illustratrice, s'inspire autant du monde réel que de son univers intérieur. Elle écrit et illustre des histoires depuis l'âge de huit ans, dans ce qu'elle appelle son "chaos créatif", empreint de magie et de poésie.

Ce deuxième tome de Hidden poursuit l’histoire de Gwen, Matéi et Meira, après leur fuite du royaume des ombres. Cette fois, plus de magie, mais un retour brutal dans le monde réel, où les épreuves ne sont pas moins redoutables. Entre traumatismes à surmonter, peur du rejet, nouvelles responsabilités et premiers amours, les protagonistes doivent apprendre à se reconstruire tout en affrontant les défis du quotidien.

Ce volet met l’accent sur les enjeux psychologiques : le poids des secrets, les blessures invisibles, la difficulté d’accepter sa différence. Plus intime, mais tout aussi intense, il explore la force de l’amour, de la famille et du choix de rester soi-même malgré les regards extérieurs.

Son originalité réside dans ce mélange entre fantasy et réalisme : après l’épreuve initiatique du royaume des ombres, voici le temps des cicatrices, des doutes, mais aussi de l’espoir. Ce livre s’adresse aux jeunes adultes comme aux adultes qui aiment les récits à la fois fantastiques et profondément humains. Participer à sa création, c’est donner vie à une œuvre où l’aventure se poursuit au cœur même de la réalité.

Extrait  

C’est la deuxième fois que je rentre dans la demeure d’un humain. Je me souviens que la maison des grands-parents de Gwen et Matéi embaumait l’encens et la clémentine. Ici, aucune odeur. Rien d’accueillant, ni de repoussant, juste un vide… On sent que personne n’a vécu à l'intérieur de cette maison depuis un certain temps. Matéi se tient devant moi, il pousse péniblement sa grosse valise. Je me demande même comment il a fait pour la faire loger dans le véhicule à moteur de tout à l’heure… Tout ici semble étrangement illogique… ou du moins étranger à la logique que je connais. Les arbres sont les otages des villes, les véhicules ont remplacé la marche, les gens souffrent tous d’un mal causé par la nourriture et par l’eau qu’ils ont empoisonnée avec leur pollution. Le cercle vertueux qui existe au royaume est visiblement tout sauf universel ici. Quoi qu’il en soit, je suis heureuse d’être avec eux, c’est fascinant de découvrir un peuple et sa culture, même si celle-ci est aux antipodes de la mienne.

Matéi décide de me faire visiter la maison, le temps que Gwen rallume la machine qui permet de tout allumer, il appelle cela un “disjoncteur”. Leur maison est immense, il y a tellement de pièces. Et toutes ont une fonction bien particulière. Toutefois, elles me paraissent toutes vides, sans aucune vie à l'intérieur.” Une fois la visite faite, il me prend la main.

— J’ai une surprise pour toi, attends là.

Il s’éloigne un instant et sort par une porte transparente qui donne sur ce qui semble être un jardin. Je le vois appeler quelqu’un ou quelque chose. Puis soudain, une boule de poils grise sort d’un buisson et saute sur ses pieds. Matéi se baisse pour la ramasser et marche dans ma direction. Lorsqu’il passe le pas de la porte, j’entends un bruit qui me rappelle le roulement du véhicule de tout à l’heure. Sur mes gardes, je fais un pas en arrière devant cette créature étrange. Je crois qu’il comprend ma réticence, car il me rassure en m’assurant qu’il est inoffensif.

— C’est Ronron, notre chat. Est-ce que tu en as déjà vu ?

— Non, c’est la première fois… Est-ce qu’il protège votre maison ?

— Des souris seulement, enfin… seulement quand monsieur se décide à en attraper une, bien sûr. Tu veux essayer de le tenir ? Ça ne le dérangera pas, il est très sociable, du moins pour un chat.

Je hoche la tête, bien qu’un peu hésitante. Je saisis délicatement l’animal avec mes mains qui, je crois, lui font un peu peur, car il commence à pousser un cri que Matéi qualifie de miaulement. Il tente alors de le calmer et de lui montrer que ce ne sont que des mains, avant de me le tendre à nouveau. Et cette fois, le chat se laisse faire. Une explosion de douceur atterrit dans mes bras. Son pelage est si pelucheux que son simple contact est un délice. Une fois bien installé, il me lance un regard, me jauge quelques instants, puis commence à “ronronner” contre moi. Je sens la vibration de son ronronnement envahir mon être et réchauffer mon cœur.

— J’aime les chats !