Idoles et Icônes - Livres VIII à XI

Olivier Esnault, né l'année de sortie du film Lawrence d’Arabie, a travaillé et vécu avec sa famille dans de nombreux pays.

"Idoles et Icônes - Livres VIII à XI », comporte 104 histoires rangées par ordre alphabétique. Ces fictions permettent de poursuivre le périple entrepris dans « Idoles et Icônes - Livres I à VII » où des époques avaient été négligées, des contrées, délaissées. Cette fois, le lecteur parviendra au terme du voyage même si le questionnement du monde reste sans fin.

« Idoles et Icônes - Livres VIII à XI » raconte les contradictions des humains ; des humains par nature solitaires. Certains récits sont cruels ou grossiers, d’autres, d’un scepticisme palpable. C’est ainsi, la littérature contient autant de bribes de poésie que d’aspérités.

Donc, retourner dans la toundra des chamanes ; rencontrer une prostituée de l’oasis de Bilma ; évoquer le site inimitable d’Angkor ; imaginer un kaddish en l’an 330 sur les rives du Rhin ; suggérer les problèmes éthiques d’un sicario dévot à la Vierge ; faire revivre une fillette du Néolithique au bord de la mer Noire ; visiter Carthage ; croiser Confucius ; approcher les Lwa et les huacas ; imiter Omar Khayyam composant ses quatrains ; décrire les désarrois d’un Russe juif ballotté d’un pays à l’autre ; entendre la dernière prière d’un druide ; peindre encore ces anciens Romains aussi incrédules que stoïques ; voire, aller sur Arrakis, une des planètes de la Galaxie … Et cætera.

Extraits

« À cet instant de la discussion, le maître scribe fait quelque chose qui déconcerte Enheduana ; il extrait d’un sac, fermé par un cordon rouge, des planchettes de roseaux, une boule d’argile fraîche et une baguette de bois. Tout en disposant au sol son étrange matériel, il indique que, d’après la quantité des habitations et la taille des enclos, il marquera sur ses tablettes le nombre de villageois et de buffles puis qu’il fixera le détail de l’impôt à venir ; il ajoutera à la fin les noms du village, de la cheffe et des clans familiaux. Enheduana n’est pas complètement ignorante. Un jour qu’elle était allée échanger du poisson contre de l’orge, elle avait vu ces sortes de tablettes séchant au soleil dans un bourg proche des marais. Un vieux paysan lui avait alors appris que les scribes étaient capables de « tracer » dans l’argile combien de personnes contenait sa bourgade. Mais elle n’avait pas compris que les scribes pouvaient aussi fixer dans la glaise ce qu’il y a de plus important pour une personne, son nom ! »

« Le blatèrement d’un dromadaire résonne dans la nuit. Autour d’un feu, trois Arabes parlent avec animation. La fumée âcre du crottin séché qui se consume les fait tousser et rire à la fois. Deux autres hommes plus jeunes se trempent dans le marais entouré par les joncs. Ils s’amusent à s’éclabousser. Au milieu des dunes et des rochers du désert, la source de Qufra est considérée comme miraculeuse par les nomades car elle surgit du sable et ne tarit jamais. La source alimente un petit marais qui parfois déborde des joncs, parfois se réduit à une mare stagnante, mais ne disparait jamais tout à fait. En revanche, aucune euphorbe, aucun acacia, aucun dattier ne se dressent autour de l’étang ; seuls poussent des joncs coriaces qui oscillent dans le vent. »

Les autres livres de l'auteur :

Idoles et Icônes - Livres I à VII
Les Filles de l'Équatorial
La Remontée du Fleuve lointain