La Vie Mikado (et autres fragments de Encyclopédia Marianica Multiversalis)

J'écris depuis que l'on m'a appris à le faire, et toujours avec enthousiasme. J'ai été étudiant en Lettres, à Poitiers où je suis né, puis à Paris, avant que la station de radio RTL ne me propose de devenir l'un de ses producteurs-réalisateurs, et cela durant trente années.

^{Arrivée dans ma chambre d’un appartement partagé à Izmir, en 2020.}  

En Turquie au moment de la crise pandémique, j’y suis resté durant les quatre années qui ont suivi, et j’en ai profité pour écrire et rassembler, peu à peu, la plupart des textes qui composent La Vie Mikado. C’est un ouvrage qui en appelle d’autres, ou des versions augmentées de ce premier volume.
J’y travaille.

Extrait 

Il faisait chaud, il était midi, mais il pouvait tout aussi bien avoir neigé, oui, car la neige parfois blanchissait à sa façon scintillante et silencieuse les toits, les rues, les parcs et les jardins d’ici. En réalité, le temps qu’il faisait n’avait pas d’importance. Il faisait tous les temps possibles. Il faisait jour et nuit aussi, tout ensemble. Parce que c’était au Paradis. Est-ce que l’on s’inquiète de l’heure, s’il pleut, si l’on cuit dans la canicule, si le vent peut tout emporter de l’autre côté, quand on est là, au Paradis ? Le Paradis, c’est l’autre, le lieu de l’autre, où l’on sait trouver l’autre, entendre sa voix, voir son sourire, goûter sa peau, son odeur, ses saveurs. S’enivrer. Dans ce carré de terre, leur paradis est un cercle, le cercle de leur mouvement, ensemble, leur danse. Pas un tango encore mais une simple marche. Leur cosmos est né, leur astronomie. Déjà il pense la conduire à Guingla et l’inviter à se régaler de rougets, de langoustes, ou plus simplement de ces petites fritures dont il a appris qu’elle raffole. Et le lui dire encore et encore, qu’il l’aime, lui répéter encore « Mademoiselle, je vous aime. »