Le silence me noie

Morgane Lambert, autrice trans de 24 ans, a trouvé dans l’écriture un refuge après avoir mis des mots sur sa dépression et son trouble borderline. D’abord passionnée par le rap et la poésie, elle a appris à transformer la douleur en histoires, mêlant fragilité et force tranquille. Fleur bleue sous une armure discrète, elle écrit pour celles et ceux qui aiment quand la douceur sait aussi mordre.

Elle est une femme née dans un corps qui n’était pas le sien, une voix longtemps étouffée qui a choisi l’écriture comme arme contre le monde et sa vie. Son imagination déborde là où la réalité fait mal, et elle transforme ses blessures, la musique, la poésie et ses lectures en mondes à part. Elle écrit parce que c’est ce qui la maintient vivante, parce qu’elle veut enfin être vue, entendue, après avoir trop longtemps eu l’impression d’exister en transparence.

Ce livre explore la fragilité et la force à travers une romance lesbienne intense, où se mêlent le questionnement de genre, la maladie mentale et l’addiction. C’est une histoire de lutte intérieure, de recherche d’identité, mais aussi d’amour — celui qu’on donne malgré la douleur, celui qu’on apprend à se donner à soi-même quand tout vacille. Chaque page plonge dans l’esprit d’une femme borderline, tiraillée entre passion et destruction, lucidité et chaos, désir d’exister et peur de disparaître.

Extrait  

Ici le c’est le calme un silence de mort puisqu'ici c’est le monde post-apocalyptique.

Que des morts vivants dans des cellules libres de décorée à nos besoins et nos souhaits tant que l’on dégrade que nos têtes mais encore une fois tout ça en silence.

Moi c’est Sérevèna, je suis hospitalisée pour trouble de la personnalité borderline. Ça sonne bien quand dans le dossier il est inscrit “instabilité émotionnelle, impulsivité, peur de l’abandon.”

Tout ça est un joli mensonge, la vérité c’est que je suis un orage instable dans une pièce trop étroite, que j’aime trop vite trop fort et à la fois je déteste avec la même intensité, je passe du vide a la furie et au trop pleins de bonheur sans transition.

Et que je me déchire de l’intérieur chaque fois qu’on me raconte que “ça va passer” “que tout ça n’est qu’un mauvais moment à passer”.

On nous surveille comme si on était en quarantaine mais paradoxalement on a le droit de sortir parfois faire les magasins, parfois demander des nuits chez nos parents ou nos amies.

Nous sommes comme des prisons qui errent.