OUSSIKA (Meurs et tais-toi)

Prefna Wilfrid Ngoma est né en 1987 en République du Congo et a étudié le droit à l’Université Marien-Ngouabi de Brazzaville. Après l’obtention de sa licence, il va poursuivre ses études à l’étranger. Il vit désormais en France et se consacre à l’écriture de scénarios et de romans.

La vengeance, la justice, la mémoire des victimes, la révolte contre l’injustice et la tyrannie, le deuil sont les thèmes abordés dans ce roman. Ce qui le rend original, c’est qu’il est inspiré d’une histoire vraie, d’un réel drame familial et politique. La douleur de l’exil, la mémoire des atrocités, la confrontation avec le passé seront notamment abordés.

Il propose une tension dramatique qui capte l’attention : plan secret, course contre la montre, retournement de situation. Les passionnés de lecture et toutes personnes de 16 ans et plus y trouveront leur bonheur. 

Extrait  

Elle me demanda de m’asseoir, puis commença à me raconter les circonstances de la mort de ma grand-mère. Pendant la guerre civile, toute la famille maternelle, qui vivait à la capitale, avait fui vers un petit village du sud. Mais quelques jours à peine après leur arrivée, les milices de Monsieur Mikakatano débarquèrent et semèrent la terreur. Ils tiraient sur tout ce qui bougeait, combattants de Monsieur Bakanda ou simples civils innocents. Dans la panique, chacun courut dans la forêt. C’était le chaos. Ma mère, qui portait alors ma petite sœur sur le dos, réussit à fuir avec une partie de la famille. Mais ma grand-mère, elle, était introuvable. Ils avaient pris des chemins différents. La famille se réfugia dans un village appelé Bissengo. Grand-mère, elle, suivit un autre groupe vers Mabaya, un petit village situé à quelques kilomètres à peine.

Une fois installée là-bas, elle apprit que ses enfants et petits-enfants se trouvaient à Bissengo. Elle décida alors de reprendre des forces avant d’aller les rejoindre. Un jour, elle se rendit à la rivière, à une quinzaine de minutes du village, pour y puiser de l’eau. Mais en revenant, elle découvrit que Mabaya avait été vidé de ses habitants. Les soldats de Mikakatano étaient passés par là. Quelques rares personnes, dont le chef du village, étaient restées cachées. Grand-mère chercha un refuge. Elle trouva la porte de l’église ouverte. Elle y entra discrètement et s’y installa en silence, espérant attendre le départ des miliciens. Mais peu après, la porte de la chapelle s’ouvrit brusquement. Elle crut, un instant, que c’étaient d’autres civils fuyant les combats. À son grand désespoir, c’étaient des soldats. Des hommes armés, les yeux pleins de violence. Elle se tapit sous un banc et retint son souffle, priant intérieurement pour ne pas être vue. Mais l’église était petite. Ils la repérèrent presque immédiatement…