Promouvoir l’humain dans le secteur médico-social

Je suis psychologue clinicien et psychothérapeute depuis 15 ans. Je travaille auprès des personnes en situation de handicap et issues de la grande marginalité dans le milieu associatif.
Je suis également le fondateur du collectif de recherche Psymas, impliqué dans la réflexion au sujet du secteur médico-social et de son évolution.

Avec deux précédents ouvrages (« Accompagner les personnes issues de la grande marginalité en institution médico-sociale » et « Eléments de philosophie pour le secteur médico-social »), j’ai proposé une lecture éthique et clinique du secteur médico-social.

Ce troisième tome vient compléter et clôturer ce cycle de recherche. « Promouvoir l’humain » signifie pour moi défendre quelque chose de fondamental : faire exister le sujet dans tout sa complexité au sein des systèmes et des organisations, toujours en risque de l’écraser et de le faire disparaître sous la norme et le protocole des institutions.

L’ouvrage présente donc des réflexions au sujet de l’humanisme et de la manière dont on peut le faire vivre au sein des établissements et services du secteur médico-social, qu’il s’agisse du niveau symbolique, opérationnel ou encore organisationnel. Il se centre en particulier sur l’accueil et l’accompagnement des personnes dont la situation de handicap s’associe avec un vécu de rue ou de marginalité.

En participant à cette publication adressée en particulier aux (futurs) professionnels du secteur médico-social, mais aussi au grand public désireux de découvrir cet univers et la vivacité des réflexions éthiques qui s’y déploient, ce sont ces valeurs que vous promouvez : l’humain avant tout, le sujet placé au cœur de son accompagnement et non à sa marge.

Extrait du livre : 

Ce livre vise précisément à aider la construction de cette posture, en s’articulant autour de deux volets complémentaires :

Le premier volet s’ancre dans les réalités concrètes du public en situation de marginalité, souvent concerné par une précarité multidimensionnelle (économique, psychique, sociale, relationnelle) fragilisant sa capacité à supporter les dispositifs classiques d’accompagnement. 
En raison d’un parcours atypique, au sein duquel se sont rencontrés des lieux d’exclusion et de contraintes, voire de violence symbolique et même physique, nombre de personnes vulnérabilisées ont un rapport à l’aide coloré par la méfiance, la distance, le retrait ou l’agressivité défensive. L’approche institutionnelle est donc spécifique et précautionneuse, faisant une juste place à la prudence et à la reconnaissance des temporalités propres à chacun. 

En présentant certaines des spécificités de ce public, nous souhaitons faciliter la pensée d’une institution en tant que cadre d’intervention qui ne nie pas sa nature première d’espace relationnel traversé de tensions et d’affects qu’il faut pouvoir endosser et travailler.

Le second volet vient en appui au premier : il propose une série d’outils conceptuels sur des thèmes variés, en vue de soutenir une démarche bienveillante et propice à la prévention des violences. Les notions de complexité, de consentement à l’accompagnement et de vigilance langagière viennent étayer l’appel à une culture institutionnelle favorisant l’adaptation des choix professionnels et des dynamiques collectives.
Si ces outils peuvent sembler divers, ils partagent néanmoins un point commun essentiel. Tous et chacun visent à mettre en lumière de ce qui ne se voit pas toujours : les logiques sous-jacentes, les contradictions et paradoxes, ainsi que les effets collatéraux de certaines pratiques d’accompagnement ou de gestion d’établissement.

Parler de complexité, c’est reconnaître qu’il n’existe pas de solution simple à des situations où les enjeux humains sont intriqués.  Cela suppose d’accepter l’incertitude, de même que le renoncement à la toute-puissance technique pour lui préférer la pluralité des points de vue.

Interroger le consentement, ce n’est pas seulement mettre en œuvre une méthode pour obtenir une signature ou un accord : c’est questionner en permanence les conditions dans lesquelles une personne peut véritablement accepter, et donc assentir en plus de consentir.
Les enjeux de la marginalité sont ici à prendre en compte dans la constitution d’une authentique éthique de la relation qui ne se contente pas d’une logique de conformité légale ou formelle.

De la même manière, la culture institutionnelle, souvent tacite, influence profondément les pratiques professionnelles. Elle les façonne avec des normes implicites, des modes de communication particuliers, des rapports hiérarchiques déterminant ce qui est, ou non, pensable au sujet de la maltraitance. La bientraitance ne peut s’y épanouir que si cette culture est interrogée, partagée et co-construite grâce à la parole des usagers comme des professionnels.

À découvrir également, deux précédents ouvrages publiés aux Éditions Maïa et en lien direct avec la thématique de ce nouveau livre :
– Accueillir et accompagner les personnes issues de la grande marginalité en institution médico-sociale
– Éléments de philosophie pour le secteur médico-social – Penser la pratique, pratiquer la pensée