RUN BOY

Je me présente, Coralie CDF, née à Paris dans le 11ème arrondissement de Paris. Passionnée par la psychologie humaine, les relations complexes et les zones d’ombre de l’âme, j'explore dans ses récits la frontière entre l’attachement et la dérive. Mon écriture, à la première personne, cherche à immerger le lecteur dans la subjectivité brute de mes personnages, souvent féminins, écorchés, ambivalents. Je signe ici un premier roman dense, introspectif, où les sentiments maternels se heurtent aux failles d’une femme en quête de réparation.

Run Boy est un roman psychologique qui explore les cicatrices invisibles laissées par le deuil et la folie.
À travers le regard de Malcom, un enfant confronté à la dérive d’une femme nommée Madeline, le récit aborde la perte, la culpabilité et la reconstruction avec pudeur et intensité.
Ce livre interroge les limites de l’amour et la manière dont la lumière peut renaître même dans les ténèbres les plus épaisses.
Son originalité réside dans sa narration sensible, son équilibre entre douleur et espoir, et la justesse de ses émotions.
Soutenir ce projet, c’est donner vie à une histoire humaine et bouleversante, qui parle à tous ceux qui ont connu la fragilité, la perte ou la résilience.
Run Boy s’adresse aux lecteurs de romans psychologiques, aux amateurs d’émotions vraies et de littérature introspective.
Inspiré par les blessures réelles et la force de l’enfance, il porte l’ambition d’offrir un récit profondément humain, où la fragilité devient puissance.

Extrait du livre : 

C’est à cet instant que je saisis, sans réfléchir aux conséquences, la pelle du jardin. Et je le frappe à l’arrière du crâne. Le bruit sourd du métal contre l’os résonne dans mes oreilles, comme une cloche de fin. Il s’écroule, raide, sans un mot. Ce n’était pas moi. Pas vraiment. C’était une autre moi. Une version qu’il a réveillée. Le sang coule lentement sur le parquet, s’infiltrant entre les lattes comme un secret trop longtemps tu.
Malcom hurle, terrorisé, en voyant le sang. Je lâche la pelle — l’arme du crime — et plaque ma main sur ma bouche. Ce que je viens de faire me saute au visage. Mais c’était lui ou moi.
Malcom est mon fils. Je dois le garder près de moi. Et s’il faut l’éloigner de tous, ces prédateurs, alors je le ferai. Sans hésitation.
Je me ressaisis tant bien que mal, mais mes mains tremblent. Je vacille légèrement, tentant de retrouver mon équilibre, mais mes jambes ne répondent plus. Alors je m’octroie une pause, m’asseyant à même le sol. Les hurlements de Malcom me parviennent à peine. Je me tiens la tête entre les mains, ruminant tout ce qui s’est déroulé depuis mon arrivée à la maison.
Je veux faire marche arrière, revenir en arrière, mais c’est impossible. Je fais une crise d’angoisse. Le tableau de mon mari effondré sur mon fils me glace d’effroi. Je suis spectatrice d’une horreur qui, jusque-là, n’arrivait que chez les autres. Aujourd’hui, elle est venue frapper à ma porte.
Mon époux est mort de mes mains. L’homme avec qui j’avais bâti des projets — certains réalisés, d’autres abandonnés —, celui que j’imaginais à mes côtés pour vieillir, pour fonder une famille… tout cela s’est effondré. Réduit à néant. Je vis un cauchemar éveillé.
J’aimerais me réveiller. Que tout ceci ne soit qu’un mauvais rêve. Mais non. Il est trop tard.
Finalement, je décide de me lever. Je suis plus forte que ça. J’ai vécu des situations où j’ai dû me battre, rester debout malgré les tempêtes. Alors, pour mon avenir, pour mon fils, je choisis d’avancer.
Je hurle à Malcom de se taire. Je le détache brusquement et lui ordonne de m’aider à déplacer le corps de mon époux étendu au sol :
— « Tu m’aides maintenant, et pour l’amour de Dieu, reprends-toi ! »
Malcom continue de pleurer. Je le secoue, prends ses mains et les pose sur les bras du cadavre. Il retire aussitôt ses mains en hurlant, mais je l’empoigne et le force à tenir les bras de Côme. Il finit par obéir, tremblant.
Je me dirige ensuite vers la porte qui mène à la seconde partie de la cave, celle où sont exposées les répliques d’airsoft. Une fois la porte ouverte, je reviens vers Malcom, attrape les jambes de Côme, puis je compte jusqu’à trois pour que nous le soulevions.
Mais Malcom est petit, sans force. Je m’énerve :
— « Pour l’amour de Dieu, Malcom, mets-y du tien et soulève-le ! »
Il tente tant bien que mal de le soulever, mais n’y parvient pas. Alors je prends les choses en main. Je décide de tirer le corps de mon mari. Il doit bien peser quatre-vingt-quinze kilos pour un mètre quatre-vingt-trois. Je parviens enfin, difficilement, à déplacer son corps et le traîne jusqu’à sa pièce. Une fois à l’intérieur, je le laisse tomber au sol, referme la porte derrière moi, puis m’y adosse, à bout de souffle. Je prends une grande inspiration.
Je regarde Malcom : ses mains sont tachées de sang, ses larmes sillonnent ses joues. Il est pétrifié, sans défense, son regard perdu. Il ignore ce que je vais faire. Et à vrai dire, moi non plus, je n’en ai aucune idée. Alors je choisis la seule option qui me semble sensée à cet instant :
— « Assieds-toi sur la couverture, Malcom. Je reviens dans un instant. »
— « Il est mort ? » me demande-t-il.
Je choisis de ne pas répondre. Le silence vaut parfois mieux que des mots.
Malcom hésite, puis finit par s’asseoir lentement. Je ramasse les clés que Côme avait laissées sur la table haute et monte les escaliers.