Trajet homicide travail « ce qui ne tue pas ne rend pas nécessairement plus fort »

Enfant et adolescent avant de devenir éducateur puis responsable d’établissement à caractère social, j’ai traversé des moments chaotiques et tragiques. Je veux rester un homme libre et indépendant malgré les risques et les incertitudes liées au temps et à la pensée singulière.

Ce livre écrit dans l’urgence et l’inquiétude vous parlera d’une agression au couteau. Comment passer de l’arme blanche à l’âme blanche. Beaucoup ont des réponses intuitives et expéditives pour vous envoyer sur le chemin en vogue de la résilience. De quoi guérit-on, de quoi nous sauvons nous ? Les chemins intérieurs sont instables et labyrinthiques et méritent d’être explorés sans complaisance pour faire peut-être jaillir non pas une lumière mais des ressources minimums pour continuer un bout de vie. Tout ce qui blesse reste, détruit ou anime, rend volontaire ou impuissant, tour à tour stratège, lâche, abandonnique mais viscéralement et tristement humain. Les fabriques de victimes sociales sont tout aussi considérables que cette tragédie personnelle, ainsi chacun qui me lira découvrira une construction personnelle aussi renforcée que déformée par l’épreuve de la vie et les confrontations sociales. Si vous me lisez, c’est que vous voulez rester ou devenir un peu plus libres et même parfois mal pensants. Prenez le risque !

Extrait du livre :

Bizarrement, je découvrais aussi que la mort devenait un acte fondateur ou une référence refondatrice. Je ne partais plus de ma naissance pour continuer à écrire ma vie. Ce nouveau repère, cette nouvelle ligne de départ sonnait le bang du starter donnant le départ de ma nouvelle course en solitaire. Sorti des starting-blocks, je m’engageais à pleine vitesse avec handicap cependant, dans le couloir de la survie et des médailles illusoires au travail. L’épreuve de la mort rencontrée dans ce couloir professionnel m’avait confronté à l’idée d’une vérité inéluctable, propre à chacun, celle de sa mort.
Plus complexe pour moi était d’avoir brisé le tabou de ma propre mort et de me dire que cette perspective n’était finalement que repoussée de quelques années. Mais l’idée de ma mort comme inéluctable était devenue omniprésente dans mon quotidien. Sachant que j’allais mourir, les limites des possibles, du grave et du moins grave se déplaçaient, pour alterner l’indifférence, la légèreté, le rien à foutre, la dérision ou le cynisme en quelques mots pour tant de sujets. Il s’agissait pour moi, d’apprendre ou de réapprendre à vivre avec la mort comme compagnon de route. Cette conscience expulsait une kyrielle d’émotions, toutes marquées par l’inutilité de ce que nous sommes. 
Ce dérisoire des jours à dire et à faire plus ou moins la même chose que la veille, dans un conditionnement imbécile et discipliné, dans le but de ne pas quitter la société des hommes, son matérialisme, son contrat social néolibéral flou.