Un jour, je serai heureux

Né en Allemagne juste après la guerre avec comme signe distinctif des cheveux roux flamboyant, me voilà perdu dans cet orphelinat de Bruxelles, une langue que je ne connais pas, catalogué, déscolarisé, exclus, rejeté. Un survivant de cette haine d’après-guerre qui m’a donné du courage et la force de devenir un homme heureux, sans ressentiment avec juste l’envie d’être heureux.

Mon livre parle de la maltraitance que j’ai subi en tant qu’enfant, d’origine allemande j’étais en première ligne pour recevoir les insultes sur mon pays de naissance, ainsi que sur ma méconnaissance du français, aussi bien des autres enfants que des éducateurs qui en plus n’ont pas pris la peine de me scolariser. Mon éducation s’est faite, tant bien que mal, par ce que je pensais être juste. 
Le thème de mon livre est basé sur la résilience que nous avons à surmonter les épreuves et vivre avec les traumatismes que nous avons dû enfouir au plus profond de nous, faute de n’avoir pu les effacer. Mon but est d’apporter un témoignage plus qu’une solution aux personnes ayant subi des traumatismes, ils pourront sans doute s’en inspirer.
 

Extrait : 

Que faites-vous là ? Deux dames s’approchèrent de nous et après quelques échanges avec mon frère, « ah oui, je me souviens. Ils devaient venir aujourd’hui ». Puis s’adressant à moi « ils ne pouvaient pas sonner ? »  Je ne parlais pas français, mais j’en avais compris le sens, je n’ai pas réagi.                                                             
Ce jour-là, nous fument immédiatement séparés.
J’ai encore reçu un tas de directives en vrac : « tu t’adresseras aux dames en les appelant ma tante ! As-tu bien compris ? Ici la langue est le français, pas un seul mot en flamand ou en allemand, d’ailleurs personne ne te répondra »
Comme je ne réagissais toujours pas, elle a vociféré : « on ne tirera rien de ça ! C’est de la graine de vaurien ! »
« Sale schleu, sale rouquin…allez va-t’en » cela je l’avais déjà entendu.
Voilà l’accueil reçu à mon entrée à l’orphelinat en 1952
Cela ressemble très fort à l’accueil qui m’a été réservé à ma venue au monde en 1946, tel que ma mère me l’a raconté : « Nous devons immédiatement noyer cet enfant, ce n’est qu’une grosse boule de poils roux ».
C’est dans un cri d’horreur que la sage-femme a annoncé ma naissance ! 
Je n’ai dû ma survie qu’à l’exigence de ma mère, Marie, qui m’a arraché de ses bras.
Son amour maternel a toujours été le socle de ma vie.