Voyage séculaire dans les grands magasins

Ancien directeur du printemps à Paris, Bernard Félix a travaillé toute sa carrière dans les grands magasins, en France, en Ireland et aux États-Unis.

Après près de 40 années de carrière, l’auteur raconte ce qu’il a appelé son « voyage séculaire dans les grands magasins ».

De ses premiers stages à vendre du tissu au mètre en Irlande chez Robinson & Cleaver, aux coupoles dorées du Printemps Haussmann, le parcours de Bernard Félix est celui d’un homme à travers son époque.

Son récit, peuplé de souvenirs hauts en couleur, est une chronique au jour le jour de ces grandes enseignes qui nous ont tant marqués, séduits et fait rêver.

Comment fonctionne un grand magasin ? Quelles en sont les coulisses ? Que se passe-t-il derrière ces comptoirs rutilants ?

Vous le saurez en lisant ce livre destiné à tous les curieux, les passionnés, les nostalgiques, les amateurs de cet univers unique et si français.

Extrait du livre Voyage séculaire dans les grands magasins

Introduction

L’auteur de ces lignes a été contacté, il y a quelques années, par Bernard Félix qui souhaitait transmettre mille petites anecdotes recueillies au cours de sa carrière, qui témoignaient de ses diverses activités dans le monde de la distribution. Le premier échange est apparu tout à fait passionnant, moins dans la narration des historiettes que par le parcours séculaire au sein des grandes enseignes commerciales françaises. En effet, le père de Bernard Félix, André, a commencé sa carrière professionnelle aux Dames de France à Niort, au début du XXe  siècle. Bernard a poursuivi dans cette voie, au sein des plus grands groupes de grands magasins français : Paris-France, Le Bon Marché, le Printemps. Sa formation, une longue période de stage aux États-Unis et ses activités lui ont permis de connaître les diverses facettes du métier et de côtoyer des personnages qui ont joué un rôle important dans le développement de l’appareil commercial, en France et à l’étranger. Ainsi, en suivant le parcours de deux générations de commerçants, on peut côtoyer, au plus près la vie quotidienne d’un grand magasin, mais aussi accompagner les évolutions, les mutations et les difficultés rencontrées par le grand commerce français au cours du siècle écoulé.

Plusieurs séances de travail et de nombreux documents ont permis de déboucher sur cet ouvrage, qui représente, au fond, l’alliance fructueuse des souvenirs du témoin et la mise en œuvre organisée d’un récit historique. Cette démarche, sans être très répandue, n’est guère innovante. Elle s’apparente à cette forme de synthèse entre l’histoire chaude, tel qu’elle est construite, vécue ou perçue au quotidien par les acteurs et l’histoire froide que l’historien tente de retracer, en s’efforçant de donner du sens et une cohérence, sur le moyen ou le long terme, à des comportements ou des choix qui peuvent susciter des interrogations. Cette dernière forme d’histoire construite permet de situer tel ou tel événement dans une histoire plus large, celle des origines, des conditions de développement et des mutations, tributaires de situations endogènes et/ou exogènes. Elle permet de suivre de manière linéaire leurs parcours communs dans des environnements économiques identiques. Mais le témoin vient nous rappeler que les attitudes, les comportements, les décisions des individus sont des paramètres à retenir si l’on veut saisir et comprendre, au plus près de la réalité, les choix opérés. La vertu principale du témoignage est ainsi d’apporter, bien souvent, des éléments d’explication que les archives ne mentionnent pas. Il est une clef de compréhension qui permet de mieux saisir certaines décisions, qui apparaissent parfois étonnantes, confrontées notamment aux évolutions de la branche. Sans avoir la capacité d’aborder une réflexion sur la nature psychologique des individus, force est de constater qu’elle joue un rôle dans certaines décisions stratégiques. Quelques exemples dans les pages suivantes le montreront amplement. Ces témoignages sont aussi un moyen d’appréhender des réalités du quotidien vécu par les clients, le personnel et la direction et des liens construits entre les différents acteurs. On est bien évidemment conscient de l’imperfection du témoignage, il peut être déformé, reconstruit, modifié ou amplifié. Il n’apparaît pas comme l’assurance de l’expression de la vérité, mais il exprime une vérité, celle de celui qui l’énonce.