KOtidien d’un brancardier

Je suis Jérémy Semet. J’ai 42 ans et vit en Moselle. J’ai commencé à écrire des albums pour enfants lorsque mes filles étaient plus jeunes, puis ensuite des nouvelles et de la poésie. Mon précédent roman Promener ses automnes au printemps est sorti en cette année chez Maïa Éditions. Depuis mai 2025, je publie une micro-revue de poésie mensuelle intitulée Courrier Indésirable. Le cinquième numéro sort en septembre.

KOtidien d’un brancardier est une succession de poèmes narratifs autofictionnels en vers. J’y raconte cette période chaotique de ma vie suite à mon divorce, puis cette fuite en avant en Alsace entre deux confinements, de la greffe avec le lieu qui tarde à prendre, de mon rôle de papa loin de mes filles et du désert affectif qui semble me coller au train suite à une séparation récente.

La poésie fut à cette époque le moyen de consigner ce que je traversais, de rendre compte, de transformer le quotidien vécu en quelque chose de plus romanesque quelque part. Que ce que je vivais serve d’une certaine façon et ne tombe pas dans l’oubli. Un peu à la manière du Journal d’un manœuvre de Thierry Metz et d’A la ligne de Joseph Pontus. Ces deux livres m’ont aidé à trouver une voix au livre qui se construisait poèmes après poèmes. C’est aussi une manière de parler du métier des soignants, mis en lumière puis décrié au moment de la crise du COVID. De la charge de travail demandée qui fragilise les corps, et de la richesse des moments de partage avec les patients.

Extrait  

3.

Je suis doublé

Pendant quelques jours encore

Jusqu'à la fin de la semaine

C'est ce que m'apprend Doumé

Lui migre au Pôle 3

Monter une autre équipe de brancardiers

J'ai désormais à charge le Pôle 2

Je vais devoir faire sans lui maintenant

4.

Réveil / douche / vêtements Voiture / trajet / hôpital Badge / casier / tenue Masque / patient / chambre Brancard / ascenseur / couloir Pause / café / collègue Casier / vêtements / badge Voiture / trajet / appart Canap / télé / insomnie

5.

La journée

Je suis pas mal occupé

Mon corps est en mouvement

C'est dans l'après

Que pousse mon angoisse

Comme un vieux champignon

Quoi faire de tout ce temps après

Cet espace

Entre deux prises de service

Riche d'heures

Sans savoir à quoi les employer