L'appel de Shinkai Tome 1 La marque du chaos

Passionnée par la culture japonaise depuis mon enfance, je crée des mondes depuis que je sais tenir un crayon. Esprit créatif de ma famille, je façonne des univers où mon imaginaire et ma sincérité prennent vie.

C'est un récit initiatique puissant, où la fantasy se mêle à l'émotion brute. Il aborde des sujets universels avec sensibilité et intensité : le deuil, le pardon, le lien, la peur de sombrer. Porté par des personnages profonds et nuancés, il invite à ressentir, à réfléchir et à s'attacher. Une œuvre poignante, visuelle, bouleversante...et porteuse d'espoir.

Daiki avec Yume

Extrait

Le monde semblait s’effondrer sous ses pieds.

Reizan courait, ou du moins il croyait courir, le sol n’était plus qu’un amalgame de fragments flottants, des dalles de pierre suspendues dans un néant obscur où le haut et le bas s’entremêlaient.
Le ciel saignait, déversant une pluie noire, acide, qui s’évaporait en sifflant au contact de sa peau.
Les arbres hurlaient, leurs branches tordues comme les bras disloqués cherchant à l’agripper.

Il avait beau crier, aucun son ne sortait. Autour de lui tout était inversé. Les maisons pendaient au ciel comme des carcasses, les visages des passants, flous, déformés, sans yeux, le fixaient avec une haine muette. Une odeur insoutenable de chair brûlée et de métal rouillé emplissait l’air. Ses pieds nus saignaient, chaque pas sur les pierres brisées lui lacérait la plante des pieds, mais il n’arrêtait pas,

Puis une voix surgit, roque, écorchée, inhumaine.

-Tu as échoué Reizan..., encore

Il se retourna violemment. Derrière lui, une silhouette massive se dessinait dans le brouillard poisseux, dissimulée sous une cape faite de cris. Il ne pouvait en discerner les traits, mais il sentait son regard, brûlant, haineux, transpercer son âme.

Tu n’as rien pu faire. Tu l’as laissé mourir... comme les autres.

La silhouette tendit une main, et le décor changea brusquement. Il était à nouveau là, dans cette ruelle de son passé, le sang de Nao éclaboussant les murs, sa propre main tremblante plaquée contre la blessure béante de son ami. Le hurlement de Nao, étouffé par la douleur, se mêlait au rire démoniaque des agresseurs qui s’évanouissaient dans les ténèbres. Reizan sentit à nouveau la chaleur du sang couler sur son visage, cette sensation brûlante, presque vivante, quand le coup avait déchiré sa peau. Une explosion de douleur, de honte, de rage.

Tu portes la cicatrice mais tu ne portes pas encore le fardeau ( souffla la voix), l’anneau t’as choisi pour mieux te briser.

Le vent glacial balaya la scène, et tout devin noir.

Reizan se réveilla en sursaut, le souffle court, trempé de sueur. Son cœur battait à tout rompre, et l’obscurité de sa chambre semblait encore vibrer de l’écho du cauchemar. Il porta machinalement la main à son œil droit, sentant la cicatrice, fine mais profonde , qui y courait. Une brûlure fantôme s’éveillait en lui chaque fois qu’il y pensait.

Qu’est ce que c’est que ces rêves?

Marmonna-t-il en se redressant. Il resta un long moment assis sur le bord de son lit, les coudes posés sur les genoux, les mains dans les cheveux. La voix, les images, la douleur...tout était si réel. Trop réel. Et cette phrase qui tournait encore en boucle dans sa tête.

L’anneau t’a choisi....pour mieux te briser.

Ren, Yukimura, Daiki et Reizan