Marseille : Le Tramway de la discorde - 46 jours au cœur du conflit qui enflamma la deuxième ville de France

Engagé dans le monde du travail et la vie marseillaise depuis presque 50 ans, Christian Bosq s’est d’abord distingué en tant que militant syndical au service des traminots de la Régie des Transports de Marseille, avant d’être élu à la mairie de Marseille en 2020 où il a à coeur de défendre la culture provençale.

Avec le livre Marseille : Le Tramway de la discorde – 46 jours au cœur du conflit qui enflamma la deuxième ville de France, Christian Bosq nous permet de revivre, pour la première fois, la grève des traminots marseillais qui se sont battus pour sauver le service public face au plan diabolique de la métropole tenue par Jean-Claude Gaudin. Personne avant lui n’avait écrit sur ce conflit. Dans ce livre, tout est dit. Rien ne manque. Christian Bosq nous emmène avec lui dans les coulisses des négociations, l’organisation de la grève et les manœuvres secrètes que le public ignore.
Véritable témoignage qui grave dans le marbre ce conflit sans précédent, ce livre est aussi la manière de l’auteur de remercier toutes les personnes qui ont soutenu les traminots marseillais durant ce conflit, des soutiens venus de tout le pays, même des Outre-mer, et qui ont été sensibles à la défense du service public.

Extrait :

LA RTM UNE ET INDIVISIBLE

Le conflit de 2005 est un conflit singulier dans l’histoire du travail. Il a duré quarante-six jours de grève et deux années de bataille juridique, il aura marqué toute une génération. En premier lieu, bien sûr, les Marseillaises et les Marseillais, qui n’avaient plus de transports en commun dans leur ville, et qui n’avaient plus de moyens de se déplacer, pour nombre d’entre eux. 
Mais ce fut aussi un conflit qui a marqué les Françaises et les Français, grâce à la couverture médiatique dont il a fait l’objet à l’époque et devant la situation d’alors, – Ô combien exceptionnelle ! –, mais pas seulement. Les habitants des autres villes et des campagnes qui souffraient alors d’un manque de service public étaient solidaires des traminots marseillais qui défendaient leur outil de travail. 
Les années 2005 constituent une période charnière dans notre société. C’est dans ces années-là que les programmes de privatisation de grandes entreprises et de réaménagement des villes par le tramway vont être lancés. La société dans laquelle nous vivons aujourd’hui a été décidée et a commencé à être mise en place à cette période. Comprendre cela, c’est comprendre pourquoi ce conflit a été nécessaire et pourquoi il était de notre devoir de ne pas le perdre. 
À cette période, certaines entreprises ont perdu cette bataille et elles n’existent plus aujourd'hui. Je pense notamment à la Société nationale maritime Corse-Méditerranée (SNCM) en grève juste avant nous, au mois d’octobre 2005, sur laquelle tous les médias locaux et nationaux avaient les yeux braqués. 
Le sort pour la Régie aurait pu être le même. Le patronat marseillais et les élus politiques de la majorité d’alors – le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, Renaud Muselier et la droite –, en charge de la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole (MPM), avaient un plan qui allait à l’encontre de toute l’histoire de notre entreprise et aurait pu provoquer sa fin. 
Nous étions au milieu des années 2000 et il était temps de mettre en application le « plan de déplacement urbain » qui datait de cinq ans déjà. Ce plan prévoyait la restauration du tramway au cœur du réseau de transports en commun dans le Marseille de demain, avec la création de 11,2 kilomètres de ligne de tramway.